mercredi 9 mai 2012

The Social Network


Cette semaine se tiennent à Lannion les journées thématiques Architecture/Système/Réseaux et Langues/Expression/Communication pour les enseignants en DUT Informatique.

Comme pour les autres enseignements (Algorithmique/Programmation, Outils et Méthodes du Génie Logiciel, Économie/Gestion/Organisation, Mathématiques), ces journées nationales sont l'occasion de faire un bilan avec les collègues d'autres établissements sur les façons que nous avons d'enseigner, sur le regard que nous portons chacun sur nos propres disciplines, transmettre les bonnes pratiques et réfléchir à l'évolution des enseignements.

De plus cette année une partie importante de notre travail sera consacré à la préparation du nouveau Programme Pédagogique National, tache qui s'annonce déjà comme longue et ardue, tant il est difficile de concilier les points de vue différents de nombreux collègues sur l'évolution de notre discipline et de son enseignement (surtout que dans l'absolu, aucun n'a jamais vraiment tort).

Le PPN est l'un des points forts du DUT : ce programme national (révisé tous les 5 ans) assure une cohésion des enseignements sur l'ensemble des établissements du pays. Il garanti aux étudiants qu'ils bénéficieront du même enseignement quelque soit leur région (évitant ainsi les inégalités territoriales) et donne aux employeurs potentiels (ou aux écoles dans le cadre de la poursuite d'études) une grille de lecture simple permettant de savoir facilement de quoi est potentiellement capable un étudiant sortant d'un de nos établissements.
De plus, contrairement aux programmes de l'enseignement primaire et secondaire, le PPN en DUT est élaboré directement par les enseignants : les propositions sont faites pendant les réunions thématiques de chaque matière et sont remontées à la Commission Pédagogique Nationale qui se charge des arbitrages et des harmonisations. Cette méthode permet non seulement de mobiliser une réflexion forte sur les programmes (vu que ce sont plusieurs centaines d'enseignants et chercheurs qui participent à chaque refonte du programme) et bénéficie aussi du fait que les décisions sont prises par des enseignants qui sont directement sur le terrain et emploient ces programmes au jour le jour.
Ensuite ce programme est également pensé de façon à ne pas être sclérosant : chaque établissement dispose d'une certaine marge de manœuvre pour adapter ses enseignements en fonction des spécificités de l'établissement (par exemple pour répondre à des demandes locales spécifiques sur le marché de l'emploi) ou pour tirer pleinement parti des spécialités des enseignants (qui souvent travaillent en recherche sur des thématiques non abordées par le programme général et peuvent donc apporter une plus-value supplémentaire aux étudiants). Cet équilibre global, alliant un cadre national clair avec une capacité d'adaptation (et d'initiative) offerte aux enseignants donne au final de très bon résultat, le fait étant que l'essentiel des enseignants ayant à cœur la réussite des étudiants.

Maintenant cette méthode n'est pas facile à mettre en œuvre : la disparité de points de vue sur une même question peut être forte et les changements peuvent parfois mettre du temps à apparaître, car il faut convaincre ses pairs du bien fondé de ces modifications. En informatique particulièrement, l'évolution rapide de l'état de l'art et des usages nous oblige à nous remettre en question régulièrement, et parfois à déplacer très fortement les lignes.
Par exemple, où se situent le développement web et mobile par rapport aux modèles actuels ? S'agit-il d'un enseignement relevant des EC de Programmation (parce qu'il s'agit bien de programmer et développer) ou de Réseaux (parce que tout cela se passe en ligne après tout) ? Le langage C doit-il être enseigné en Programmation (comme tout langage de programmation) ou en Architecture (pour illustrer le fonctionnement et l'utilisation du processeur et de la mémoire) ?
Ces questions ne sont jamais facile à résoudre et les points de vue changeront évolueront facilement d'une année sur l'autre.