Cette semaine se tiennent
à Lannion les journées thématiques Architecture/Système/Réseaux
et Langues/Expression/Communication pour les enseignants en DUT
Informatique.
Comme pour les autres
enseignements (Algorithmique/Programmation, Outils et Méthodes du
Génie Logiciel, Économie/Gestion/Organisation, Mathématiques), ces
journées nationales sont l'occasion de faire un bilan avec les
collègues d'autres établissements sur les façons que nous avons
d'enseigner, sur le regard que nous portons chacun sur nos propres
disciplines, transmettre les bonnes pratiques et réfléchir à
l'évolution des enseignements.
De plus cette année une
partie importante de notre travail sera consacré à la préparation
du nouveau Programme Pédagogique National, tache qui s'annonce déjà
comme longue et ardue, tant il est difficile de concilier les points
de vue différents de nombreux collègues sur l'évolution de notre
discipline et de son enseignement (surtout que dans l'absolu, aucun
n'a jamais vraiment tort).
Le PPN est l'un des
points forts du DUT : ce programme national (révisé tous les 5 ans)
assure une cohésion des enseignements sur l'ensemble des
établissements du pays. Il garanti aux étudiants qu'ils
bénéficieront du même enseignement quelque soit leur région
(évitant ainsi les inégalités territoriales) et donne aux
employeurs potentiels (ou aux écoles dans le cadre de la poursuite
d'études) une grille de lecture simple permettant de savoir
facilement de quoi est potentiellement capable un étudiant sortant
d'un de nos établissements.
De plus, contrairement
aux programmes de l'enseignement primaire et secondaire, le PPN en
DUT est élaboré directement par les enseignants : les propositions
sont faites pendant les réunions thématiques de chaque matière et
sont remontées à la Commission Pédagogique Nationale qui se charge
des arbitrages et des harmonisations. Cette méthode permet non
seulement de mobiliser une réflexion forte sur les programmes (vu
que ce sont plusieurs centaines d'enseignants et chercheurs qui
participent à chaque refonte du programme) et bénéficie aussi du
fait que les décisions sont prises par des enseignants qui sont
directement sur le terrain et emploient ces programmes au jour le
jour.
Ensuite ce programme est
également pensé de façon à ne pas être sclérosant : chaque
établissement dispose d'une certaine marge de manœuvre pour adapter
ses enseignements en fonction des spécificités de l'établissement
(par exemple pour répondre à des demandes locales spécifiques sur
le marché de l'emploi) ou pour tirer pleinement parti des
spécialités des enseignants (qui souvent travaillent en recherche
sur des thématiques non abordées par le programme général et
peuvent donc apporter une plus-value supplémentaire aux étudiants).
Cet équilibre global, alliant un cadre national clair avec une
capacité d'adaptation (et d'initiative) offerte aux enseignants
donne au final de très bon résultat, le fait étant que l'essentiel
des enseignants ayant à cœur la réussite des étudiants.
Maintenant cette méthode
n'est pas facile à mettre en œuvre : la disparité de points de vue
sur une même question peut être forte et les changements peuvent
parfois mettre du temps à apparaître, car il faut convaincre ses
pairs du bien fondé de ces modifications. En informatique
particulièrement, l'évolution rapide de l'état de l'art et des
usages nous oblige à nous remettre en question régulièrement, et
parfois à déplacer très fortement les lignes.
Par exemple, où se
situent le développement web et mobile par rapport aux modèles
actuels ? S'agit-il d'un enseignement relevant des EC de
Programmation (parce qu'il s'agit bien de programmer et développer)
ou de Réseaux (parce que tout cela se passe en ligne après tout) ?
Le langage C doit-il être enseigné en Programmation (comme tout
langage de programmation) ou en Architecture (pour illustrer le
fonctionnement et l'utilisation du processeur et de la mémoire) ?
Ces questions ne sont
jamais facile à résoudre et les points de vue changeront évolueront
facilement d'une année sur l'autre.
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