Aujourd'hui un post un peu à part, comme contribution à la campagne Moi, rôliste ! initiée par Stéphane Gallay.
J'ai découvert le jeu de
rôle en 1996, j'avais 14 ans. Cette année là, les différentes chaînes de
télévision diffusaient à qui mieux mieux leurs reportages sur
« les-dangers-dangereux-des-dangereux-
jeux-de-rôle-qui-sont-dangereux-pour-vos-enfants » (qui ont
depuis été remplacés par les jeux vidéo, les mangas, internet,
les MMO, et bientôt certainement les vidéos de chatons) et tout ce que j'y voyais, c'était des gens qui
se réunissaient entre amis, vivaient leur passion, faisaient travailler leur imaginaire et s'amusaient fortement.
Mes parents, eux,
avaient aussi vu les reportages et, comme tous les parents, ils
s'inquiétaient. Il m'a donc fallu les rassurer, leur faire rencontrer
les joueurs d'un club local, leur montrer que ce n'était pas
dangereux, et se contenter de quelques parties sporadiques. De temps
en temps, je consacrais mon mercredi ou samedi après-midi à explorer des donjons,
ouvrir des portes, occire des monstres et ramasser des trésors (ou
parfois l'inverse) avec des amis de lycée. Nos parties n'étaient pas exceptionnelles, mais elles étaient divertissantes, et c'était déjà ça.
Puis est venue la fac, le
club de jeu de la cité universitaire, les parties plus régulières, les nuits
blanches, les cours difficiles à suivre le lendemain, les grandes campagnes en déroulé sur des années. J'ai découvert
une vaste galerie de jeux, me suis essayé comme MJ, y ai pris goût, rencontré des
joueurs extraordinaires et des créateurs de jeu. J'avais des
histoires à raconter, alors j'ai écrit des scénarios, puis des campagnes entières, créé des
jeux maison et testé tout jeu qui me tombait dans les mains.
Finalement, alors que je
finissais mon Master en informatique et que je recherchais activement une thèse pour la rentrée suivante,
j'ai trouvé l'annonce d'un laboratoire qui recrutait un doctorant
pour travailler sur les récits interactifs pour les jeux vidéo.
Dans ma candidature, au-delà de mon dossier « académique »,
qui bien que brillant ne se démarquait pas forcément de ceux
d'autres candidats, j'ai mis en avant mon expérience de meneur de
jeu et de scénariste. Les encadrants de thèse m'ont rappelé, nous avons un peu parlé de mes compétences en informatique, et beaucoup de mon expérience touchant aux jeux et à l'écriture de scénarios, et j'ai été embauché. J'ai ainsi pu mener une thèse sur un sujet qui
me passionnait, et qui a ouvert quelques années après sur un poste d'enseignant-chercheur en université, celui que j'occupe à présent.
Du coup loin de « ruiner
ma vie » le jeu de rôle a été l'occasion de me réaliser et
de me démarquer du lot. C'est grâce au jeu de rôle que j'en suis
arrivé là où je suis aujourd'hui, et qu'à présent je peux enseigner et faire de la recherche. Maintenant je continue à jouer de temps en temps, je fais jouer des
amis, j'organise des séances d'initiation, et j'explique au maximum de
monde autour de moi que le jeu de rôle c'est avant tout de la
communication, de l'imaginaire et de l'ouverture d'esprit.
Amen !
RépondreSupprimerMais qu'en est t'il des soirées profanations de tombes et rites sataniques ?
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