La première chose que
j'avais en tête en ouvrant ce blog était donc de parler de
l'université, de ce qu'elle est, de ce qu'on y fait, de ce qu'on y
vit. Tout d'abord parce que l'enseignement supérieur est devenu un
passage presque obligé pour l'essentiel de la génération montante
et que l'université en reste quoi qu'on en dise la composante
emblématique ; d'autre part parce que c'est le milieu dans
lequel je vis au quotidien, et qu'il constitue donc pour moi le décor
régulier de ces carnets.
Alors qu'est-ce qu'une
université ? Il s'agit d'un établissement d'enseignement
supérieur et de recherche qui forme des étudiants à différents
diplômes de niveau Licence/Master/Doctorat (nonobstant quelques
exceptions remarquables), produit une activité de recherche dans
diverses disciplines et participe au rayonnement culturel et
scientifique de la France dans le monde.
Une université est
composée d'un ensemble d'Unités de Formations et de Recherche (UFR,
qui remplacent depuis la Loi n°68-978 du 12 novembre 1968 d'orientation de l'enseignement supérieur les anciennes facultés) et dans
certains cas d'un nombre variable d'Instituts (principalement les
Instituts Universitaires de Technologie, mais il en existe d'autres).
Ces Unités et Instituts sont eux-mêmes découpés en départements
pour l'enseignement et en laboratoires pour la recherche. Un
enseignant-chercheur (l'enseignant universitaire de référence) sera
donc à la fois membre d'un département et d'un laboratoire (et
devra donc composer avec les agendas et objectifs de ces deux
entités, qui n'ont pas toujours les mêmes priorités).
Une des questions
essentielles qui se pose au sujet des universités est de savoir
pourquoi avoir tenu à associer si étroitement enseignement et
recherche dans un même établissement, surtout lorsque l'on connaît
la réputation (largement infondée comme beaucoup de réputations,
mais ce sera l'objet d'un futur billet) des chercheurs qui selon
beaucoup font de piètres enseignants. L'idée en est pourtant fort
simple : dans des établissements destinés à proposer un
enseignement de pointe, il apparaît particulièrement efficace de
faire en sorte que ceux qui produisent la connaissance (les
chercheurs) participent de la première ligne de diffusion. Ainsi les
cours de niveau Master (qui sont censés être ce qu'il y a de mieux,
il n'existe pas de formation « au-dessus » du Master)
prennent une forte plus-value, puisque clairement liés aux dernières
découvertes et innovations dans leur discipline.
Bien entendu ce concept
« d'enseignement à la pointe de l'innovation » tend
aussi à la mauvaise image de l'université en France, les employeurs
préférant parfois que leurs jeunes recrues reçoivent une formation
moins « pointue » et plus « opérationnelle ».
Face à des entreprises qui trop souvent ne jurent que par les
diplômes Bac+5 (diplôme d'ingénieur en tête), le contenu des
formations apparaît souvent peu en phase avec les attentes des DRH
(alors que les formations « opérationnelles » se font
beaucoup au niveau L avec les BTS, DUT et Licences Professionnelles).
Tout ceci résulte d'un glissement (qui en soi n'est pas négatif)
dans la place et le rôle de l'université au fil des années, qui
au-delà de la formation académique de ses étudiants, doit aussi
assurer une formation « professionnelle » (même si peu
sont d'accord sur ce que signifie professionnelle en définitive).
En effet, depuis la Loi
n° 2007-1199 du 10 août 2007 relative aux libertés et
responsabilités des universités
l'orientation
et l'insertion professionnelle des étudiants font partie des
missions premières de l'université. Cela ne veut pas dire que
l'université ne se souciait pas de ces questions auparavant, cet
ajout en tant que mission officielle étant principalement une
question d'affichage. L'université est devenue un point de passage
pour la majorité des jeunes, et il est donc normal d'aider ces
jeunes à se préparer à leur avenir professionnel lors de leur
formation. Le point délicat étant de savoir ce que l'on met
derrière cette « préparation de l'avenir professionnel »,
pour ma part, je pense qu'il s'agit essentiellement de donner aux
étudiants les clés pour pouvoir entrer sur le marché de l'emploi
et y naviguer sereinement, en commençant par leur transmettre des
connaissances et des méthodes qui leur permettront d'évoluer tout
au long de la vie (parce que 42 ans de carrière, c'est long) et de leur
donner les informations essentielles sur cet univers qu'ils ne
connaissent souvent que très peu (par exemple en les initiant au
droit du travail).
C'est donc dans ce cadre
complexe, partagé entre enseignement académique, recherche et
formation professionnelle que vont évoluer près d'un million et
demi d'étudiants français chaque année (voir à ce sujet les statistiques de l'INSEE).
Et c'est le fonctionnement de ce petit théâtre que je détaillerai
au fur et à mesure dans de prochains billets.
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