Aujourd'hui, voici la
suite du billet commencé ici. Après avoir parlé longuement des
enseignants-chercheurs, il est temps en effet de répertorier les
autres enseignants que les étudiants ont l'occasion de rencontrer
pendant leur parcours, et qui s'ils ne sont pas forcément actifs en
recherche apportent en contrepartie un investissement accru en
enseignement ou un regard extérieur plus que salutaire : les
enseignants à temps complet, et les intervenants professionnels.
Des enseignants qui en saignent
(avec tous mes respects
au blog de Princesse Soso)
En effet, pour gérer la
cohorte d'étudiants débarquant chaque année à l'université, et
assurer l'ensemble des heures d'enseignement prévu (une licence
comme un DUT correspondant à 1800 heures d'enseignement pour les
étudiants), les enseignants-chercheurs ne suffisent pas. D'une part
parce que consacrant la moitié de leur fonction à la recherche ils
ne peuvent couvrir tous les besoins d'enseignement (ou alors cela
demanderait un effectif d'enseignants-chercheurs qui ruinerait
définitivement nos universités) et d'autre part parce que leurs
contraintes d'agendas font qu'il est grandement utile d'avoir en
complément des enseignants à temps complet.
C'est ici
qu'interviennent les Professeurs Certifiés (PRCE) et
les Professeurs Agrégés (PRAG). Comme leur nom
l'indique, il s'agit d'enseignants qui ont passé les concours du
secondaire (CAPES, CAPET, Agrégation), avant d'être finalement être
affectés à des établissements supérieurs. Ils sont enseignants à
temps complet, ce qui se traduit par un service annuel de 384 heures
équivalent TD (contre 192 pour les enseignants-chercheurs) et, sauf
dérogations, ne peuvent enseigner qu'en premier cycle universitaire
(il est en effet considéré que les enseignements de niveau Master
étant des enseignements de pointe, ils ne peuvent donc être assurés
que par des personnes menant en parallèle une activité
professionnelle extérieure ou de recherche).
Ces enseignants sont des
éléments important des équipes pédagogiques. Généralement plus
présents et plus en contact avec les étudiants, ils apportent un
suivi au plus proche du parcours des étudiants. Les postes de PRCE
et PRAG sont donc particulièrement pertinents pour assurer les
enseignements « complémentaires » ou « généraux »
au sein d'un département (par exemple en DUT Informatique, enseigner
tout ce qui touche aux mathématiques, à la communication, à la
gestion et à l'anglais). Cela permet de combler efficacement les
besoins d'enseignements sans recourir à des cohortes
d'enseignants-chercheurs sur ces disciplines.
De plus, ces enseignants
là n'ayant pas à maintenir une activité scientifique régulière
et productive pour assurer leur progression de carrière, ils sont
souvent plus à même (et plus volontaires) d'assurer certaines
fonctions administratives (comme la direction d'un département ou
d'un établissement de type IUT).
Il est à noter que
d'autres enseignants du secondaire peuvent également intervenir en
renforts dans une équipe universitaire en complément de leur
activité d'origine, grâce au statut de Chargé d'Enseignement
Vacataire dont nous parlerons un peu plus loin.
Des professionnels qui professent
Finalement, parce que
contrairement à ce que prétendent certains grands parleurs qui n'y
connaissent rien (et qui bien souvent n'ont jamais mis les pieds dans
un amphithéâtre d'université), l'université entretien depuis
longtemps des liens avec le monde « professionnel » (car
enseigner et faire de la recherche n'a rien de professionnel
voyez-vous, c'est une vocation, un sacerdoce, c'est différent), nous
trouvons aussi dans les établissements des enseignants dits
« extérieurs » : des professionnels en activité
qui viennent s'assurer un complément de salaire en donnant des
cours. L'occasion pour eux de transmettre aux étudiants leur
expérience du monde professionnel et d'assurer ainsi que
l'enseignement universitaire ne reste pas une tour d'ivoire
académique et hors des réalités.
Parmi ces professionnels,
les mieux lotis sont Professeurs associés (PAST).
Ils bénéficient en effet d'un contrat sur 3 ans, renouvelable 2
fois (ils peuvent enseigner plus de 9 ans dans un même établissement
mais cela nécessite alors une nouvelle candidature complète, et de
plus en plus d'universités s'engagent sur des règles de
« roulement » des professionnels extérieurs passé 9
ans), soit à temps partiel, soit à temps complet. Leur contrat
inclus d'une part une activité d'enseignement (96 heures équivalent
TD pour un temps partiel, avec possibilité de faire jusqu'à 96
heures de plus en « heures complémentaires », 192 heures
équivalent TD pour un temps complet, avec même possibilité de
« doubler » ses heures) et d'autre part la participation
à des activités de recherche dans l'un des laboratoires de
l'université. Un contrat PAST est donc l'équivalent d'un poste
contractuel.
Dans la pratique,
l'investissement de ces professionnels est variable. Certains, et
notamment les professeurs associés à temps complet, jouent
clairement le jeu de l'investissement et sont « présents »
dans l'établissement (certains en profitent d'ailleurs pour
commencer une thèse de doctorat qui leur permettra de valoriser leur
activité scientifique). Cependant, certains parmis les PAST à temps
partiel ne font que le minimum contrôlable (à savoir les 96 heures
d'enseignement en présence d'étudiants) afin de conserver leur
activité principale à temps-plein (et ainsi cumuler salaire de base
plus rémunération de PAST). Il est très difficile de contrôler a
priori l'investissement d'un futur professionnel quand il est
recruté, mais ceux qui ne font visiblement pas d'effort pour assurer
l'ensemble de leurs missions doivent clairement s'attendre à ne pas
voir leur contrat reconduit au terme des 3 premières années. A
noter qu'outre leur expérience personnelle, rafraîchissante pour
les étudiants, ils bénéficient également en général de contacts
et de réseaux qui peuvent épauler grandement l'université lors de
la mise en œuvre de certains projets.
Finalement, pour ceux qui
n'ont pas la chance de bénéficier d'un contrat de ce genre, il
reste la possibilité d'intervenir comme Chargé d'Enseignement
Vacataire. Ces intervenants (qui deviennent de plus en plus
nombreux, les effectifs étudiants ayant tendance à augmenter alors
que la création de postes d'enseignants n'est pas à l'ordre du
jour) sont engagés chaque année pour effectuer un nombre d'heure
limité (jamais supérieur à 192 heures équivalent TD) et ne sont
payés que pour les heures effectuées. Il peut donc s'agir d'un
à-coté intéressant pour des professionnels en début de carrière
(la rémunération n'étant vraisemblablement pas attractive pour un
professionnel confirmé) mais certainement pas d'une activité sur
laquelle baser sa subsistance (ce qui est de toute façon interdit,
tout CEV doit justifier d'une activité suffisamment rémunératrice
en début d'année pour être embauché). En général, les CEV
interviennent uniquement en TD/TP, sous la supervision d'un
enseignants de l'équipe de formation qui fournit l'ensemble des
ressources disponibles (sujets, corrigés, etc.) afin que
l'intervention se fasse « clé en main » et nécessite le
minimum de préparation possible (bien qu'il soit attendu d'un CEV
que comme tout enseignant, il maîtrise son sujet).
A noter qu'avec le temps
et l'évolution des conditions de travail, de plus en plus de CEV ne
sont pas des professionnels en exercice mais des enseignants du
second degré qui trouvent ainsi un moyen de compléter leurs revenus
en assurant une charge de cours modérée à l'université. Cette
évolution n'est pas tant due au manque d'attractivité des CEV (bien
que la rémunération horaire soit très faible par rapport à ce que
proposent certains établissements privés parisiens) mais au fait
que le nombre de permanents dans les équipes stagnant face à
l'augmentation des effectifs étudiants, il faut trouver de plus en
plus d'intervenants, et que tous ne peuvent pas être « des
professionnels en exercice » (ne serait-ce que pour des raisons
d'emploi du temps et de pertinence du propos).
Ainsi, avec cette
diversité de statuts, souvent transparente aux yeux des étudiants,
vient une grande diversité des pratiques et des méthodes de chacun.
Ce croisement de méthodes est clairement une richesse pour les
étudiants qui évitent ainsi de se retrouver face à un discours
trop formaté et à une forme de pensée unique. Cependant il leur
est en contrepartie bien difficile de s'y retrouver en début d'année
entre tous ces « profs » qui ont tous des contraintes et
façon de procéder différentes (et de comprendre quels sont ceux
que l'on peut s'attendre à trouver dans leur bureau entre deux cours
et ceux qu'on ne croisera jamais).
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